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Commune présence
Voilà mes amis, depuis hier, je cherchais de sages paroles à vous transmettre pour vous souhaiter des voeux spéciaux. Une amie m'envoie ce poème de R. Char et je trouve qu'il résume bien mes pensées du moment. Bonne lecture.
Tu es pressé d’écrire
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S’il en est ainsi, fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unir,
Celle qui t’est refusée chaque jour par les êtres et les choses,
Dont tu obtiens de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d’elle, tout n’est qu’agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t’inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier, la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.
Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.
René Char
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