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Ecrit par Mahmoud Darwich
Chanté par Marcel Khalifeh
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Je suis nostalgique au pain que ma mère fait
A son café
A ses caresses quand elle m'effleurait ...
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C'est ainsi que l'enfance en moi mûrit
De jour en jour
Et jusqu'à ma vie je chéris
Car si je trépasse, je péris
Par les larmes de ma mère je serai honni !
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Prends-moi, si je revenais, un jour
Une écharpe pour tes cils
Et couvre mes os de verdure
Qui se sanctifie de ton talon pur
Et attache bien mon linceul
Avec un cheveu
Avec un fil à l'extrémité de tes atours
Deviendrais-je alors un dieu
Oui, un dieu je serai :
Si je touchais une pulsation de ton cœur
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Dépose-moi, si je revenais
Huile pour ton athanor enflammé...
Et une corde à linge sur ta terrasse
Car j'ai perdu mon endurance
Sans ta quotidienne prière
J'ai vieilli, rends moi les étoiles de mon enfance
Pour rejoindre
Avec les oiselets
Le chemin du retour...
Vers ton attente !
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1 commentaire -
Qu'il s'appelle Youssef ou Mohammed, l'appel est le même!
Par Mahmoud Darwich
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C'est moi, Youssef, papa
Papa, mes frères me détestent
Ils ne veulent pas de moi parmi eux, papa
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Ils m'agressent et me lapident de pierres et de paroles
Pour me plaindre, mort ils me veulent
Et c'est eux qui, de ton seuil, m'ont éconduit
Et de la terre m'ont banni
Ils ont empoisonné mes pampres, papa
Ils ont disloqué mes jouets, papa
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Quand le zéphyr avec mes cheveux folâtra
Ils me jalousèrent, se révoltèrent contre moi et contre toi
Que leur ai-je fait, père ?
Les papillons sur mes épaules se posèrent,
Et les épis se prosternèrent
Et les oiseaux sur mes paumes se perchèrent
Qu'ai-je fait papa ?
Et pourquoi moi ?
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Tu m'as donné Youssef pour prénom
Eux, accusant le loup, ils me jetèrent dans le puits profond
Et le loup, à la différence de mes frères, est plus clément
Père ! Ai-je mis en cause quiconque en disant :
« J'ai rêvé de onze astres, et le soleil et la lune, pour moi s'agenouillant » ?
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En préparant ton déjeuner,
Pense aux autres
N'oublie pas les miettes des colombes
En te battant,
Pense aux autres
N'oublie pas ceux qui appellent à la paix
En payant ta facture d'eau,
Pense aux autres
Ceux qui tètent les nuées
En rentrant à la maison, chez toi,
Pense aux autres
N'oublie pas les réfugiés
En dormant comptant les étoiles,
Pense aux autres
A ceux dont les rêves sont asphyxiés
En t'écrivant usant de métaphores,
Pense aux autres
Ceux dont la parole est opprimée
En pensant aux autres qui te sont éloignés
Pense à toi
Dis : « pourvu que je sois une lueur dans leurs ténèbres »
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4h du matin. chaleur étouffante. se lever pour boire un peu d'eau fraiche. attendre que le muezzin appelle à la prière du fadjr. faire sa prière. se rendormir, juste dix minutes, le temps de se rendre compte que quelque chose bouge à l'intérieur de soi. croire que c'est une impression passagère. se rendormir encore. ça gesticule dans le coté droit, des picotements, puis des pincements, enfin une douleur qui s'insinue peu à peu.
6h39. toujours pas dormie. se tourner et se retourner dans son lit cherchant une position adéquate pour avoir moins mal.
7h30. la douleur augmente en intensité et se propage jusqu'au poumon et au sein droits. se lever. essayer de respirer profondément mais à chaque prise de souffle, une brûlure se fait sentir. ça dure plus d'un quart d'heure. soulagement. il ne reste que ce qu'on croit être un point de côté. se rendormir
10h. un déchirement! on dirait une explosion, non une implosion! croire que c la fin. se relever à demi courbée. ramper presque. aller à la cuisine. essayer de marcher, de tourner en rond pour oublier la douleur.
10h10. prendre la décision de rompre le jeun. se préparer une tisane chaude à base de graines de sésame. boire. attendre un moment. rien. aucun effet.
10h30. se faufiler dans la chambre de papa pour ne pas le réveiller. prendre la boite de Ranitidine sur sa table de nuit. sortirsur la pointe des pieds. prendre un cachet.
10h40. la douleur disparait. se rendormir enfin!
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Il est des mots qui resteront gravés dans la mémoire et que le temps n'érosera jamais. C'est le cas pour moi avec ce mot coréen: HAN! Une syllabe, juste une syllabe pour exprimer tout ou tout exprimer ou encore pour mettre un signifiant sur ce que je croyais jusqu'au moment de sa rencontre inexprimable!
L'histoire est toute banale (comme la vie d'ailleurs!) : une série télévisée, West wing. Un pianiste-musicien coréen dont le pays est en désaccord avec les Etats-Unis (qui ne l'est pas?!) et qui y était venu dans le cadre d'un échange culturel, demande au président américain l'asile politique. Celui-ci ne pouvant accepter la demande du pianiste reçoit pour toute réponse ce mot : Han.
On assiste alors à une mélodie orphique joué par le coréen dans une posture digne, pleine de courage et de tristesse à la fois. Les murs de la salle baignée dans un clair-obscure romantique renvoient chaque note telle une épée qui transperce l'âme. Ce n'est qu'après que le président trouve le sens de ce mot: une tristesse si profonde au point que ni les mots ni les larmes ne peuvent atténuer ou apaiser la douleur. Seuls les sens, axis mundi, sont capables de l'affleurer sans la saisir dans sa totalité.
Ainsi, j'ai découvert dans ce mot ce que je ressentais après la mort de ma mère. Mes amis me disaient : "pleure, ça te fera du bien!" Je me dis aujourd'hui ils ne connaissent pas le mot "han" car pleurer n'empêche pas mon âme de ressentir et de penser l'amour maternel. Han est donc un mot qui accompagnera ma vie pour toujours, il apparaitera parfois dans mes yeux, parfois il sera chiffré et ce sont seulement les initiés qui sauront le décrypter.
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